BROOKLIN, Canada, 13 déc (IPS) – La famille vient de terminer un repas de restaurant coûteux de sept plats, et les cousins arrivés tard ne peuvent manger que des baguettes de pain. Quand l’addition arrive, les riches oncles agressifs — le Canada, le Japon et les Etats-Unis — insistent que les cousins, bien que pauvres et toujours très affamés, devraient payer une part entière.
Et alors Oncle Canada suggère de payer moins parce qu’il a un gros appétit et qu’il n’y peut rien.
Avec le destin de la planète en jeu, plusieurs critiques estiment que c’est l’état actuel des négociations en cours à Bali, en Indonésie, aux discussions internationales sur le changement climatique. Et cela, malgré un appel urgent lancé par plus de 200 des principaux climatologues du monde la semaine dernière.
”Des réductions drastiques sont nécessaires… nous n’avons pas de temps à perdre”, a déclaré Richard Somerville de l’Institut d’océanographie de Scripps à l’Université de Californie, lors d’une conférence de presse à Nusa Dua, sur l’île de Bali. Les dirigeants politiques, en provenance de presque toutes les nations, finaliseront les prochaines étapes d’un nouveau traité sur le changement climatique conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) à la fin de cette semaine.
Les hommes de science sont en train d’implorer les dirigeants du monde de concevoir un nouvel accord qui arrête la montée des émissions de gaz à effet de serre dans 10 à 15 ans et entraîne au moins une réduction de 50 pour cent d’ici à 2050. C’est la réduction minimum, avertissent-ils, soulignant qu’elle offre uniquement une possibilité de 50-50 de maintenir la hausse des températures mondiales à deux degrés C., et d’éviter, avec un peu de chance, un changement climatique dangereux.
Certains experts croient que 80 pour cent de réduction seront nécessaires, a indiqué Somerville.
Malgré l’urgence et des avertissements sinistres, le Canada est en train de mettre toutes ses ressources à la conférence de Bali sur le changement climatique pour faire dérailler le processus, a affirmé Hans Verolme, directeur du Programme mondial sur le changement climatique de la WWF.
”Ce qu’ils sont en train de faire ici nous amènera à quatre degrés C.” de réchauffement climatique, a déclaré Verlome à une conférence de presse, vendredi dernier. ”Je ne comprends pas la politique canadienne”.
Le Canada et le Japon préconisent que tous les pays émettant de grandes quantités de CO2 actuellement et dans le futur devraient réduire leurs émissions de la même manière. Cela signifie que la Chine et l’Inde, qui ont commencé très récemment à s’industrialiser, auront les mêmes objectifs de réduction que les Etats-Unis, le Canada et le reste du monde développé, ignorant le fait qu’ils bénéficient de 100 années et plus d’industrialisation et de déversement du CO2 dans l’atmosphère. En réalité, le Canada pense qu’on devrait passer l’éponge sur les émissions passées des pays riches.
Depuis la Révolution industrielle, 450 milliards de tonnes de CO2 ont été déversées dans l’atmosphère, dont la plupart proviennent des pays industrialisés les plus riches. Les émissions mondiales actuelles sont d’environ sept milliards de tonnes par an.
”Personne ne parle d’objectifs fermes pour les pays en développement sauf le Canada”, a dit à IPS Dale Marshall de la Fondation David Sukuki, un groupe écologiste canadien depuis Nusa Dua.
”Ils essaient de bloquer les discussions de Bali”, a indiqué Marshall.(Stephen/http://journalisteenvironnemental.wordpress.com)